Amar, le policier qui ne pouvait plus se taire
C'est une affaire qui a éclaté dans les médias au milieu de l'été.
Amar Benmohamed est un brigadier-chef qui a décidé de lancer l’alerte et divulgué plusieurs centaines de documents internes permettent de révéler un système de maltraitance raciste dans les cellules du tribunal de Paris.
Découvrez l'histoire de ce policier qui estime aujourd'hui que sa "carrière est foutue" dans l'article de StreetPress :
Tribunal de grande instance de Paris (75) – L’immense bâtisse de verre se dresse sur 38 étages en direction du ciel. Et, on le sait moins, trois niveaux souterrains. Le plus grand tribunal d’Europe où chaque jour se pressent près de 9.000 personnes. C’est au premier et second sous-sol que se cache le dépôt (1), théâtre de la plupart des faits que révèle cette enquête. Une enfilade de cellules aux murs blancs privées de lumière naturelle où les déférés sont enfermés avant et après leurs passages devant le juge. Au total près de 200 fonctionnaires de police sont chargés de surveiller jour et nuit les 120 cellules. C’est dans ce sous-sol aseptisé, mais aussi précédemment dans celui insalubre de l’ancien tribunal qu’une vingtaine de fonctionnaires en poste la nuit ont fait régner la terreur pendant plus de deux ans.
Un système de maltraitance au dépôt
À partir du témoignage d’un lanceur d’alerte, le brigadier-chef Amar Benmohamed (Officier de police judiciaire – OPJ), de nombreuses sources, mais aussi grâce à plusieurs centaines de documents internes (rapports, mails, notes…) StreetPress lève le voile sur des faits d’une ampleur inédite, commis au coeur même de l’institution judiciaire française : dans les cellules du dépôt plus d’un millier de personnes ont subi de la part de policiers, humiliations, insultes souvent racistes ou homophobes, privations de nourritures ou d’eau, refus de soins médicaux… Certains des fonctionnaires mis en cause auraient également, à plusieurs reprises, profité des transferts vers les prisons pour voler des liquidités ou du petit matériel informatique à des retenus choisis parce qu’ils ne parlaient pas français.
« Au total, sur un peu plus de deux ans, plus de mille prévenus ont été maltraités. C’est même sans doute plus », dénonce le brigadier-chef Benmohamed, qui est délégué syndical chez Unité SGP-Police. Pour Arié Alimi, avocat du lanceur d’alerte, « les faits dénoncés, d’une gravité sans précédent, révélant un système délictuel et d’impunités à l’égard de leurs auteurs, entachent d’indignité toute la justice pénale du TGI ainsi que les décisions qui y sont rendues. »
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